Manifestations à la carte
Une semaine après une grosse manifestation islamiste, une autre manifestation, rejoignant en nombre celle commémorant le 25 janvier 2011, rassemblait cette fois également des libéraux et des gens plutôt de gauche, même si ces deux groupes furent en nombre largement minoritaire. Le point commun des demandes éparses est de mettre un terme au pouvoir militaire. Le sentiment largement partagé est que le conseil suprême des forces armées adopte une stratégie propre à garder le pouvoir indéfiniment, en divisant les forces civiles. A vrai dire, on constate qu'il ne faut pas grand-chose pour que ces forces civiles se divisent et ne parviennent à atteindre un consensus en vue de construire un agenda démocratique. L’impression est également que les forces civiles, qu’elles soient libérales, de gauche, islamistes ou même parfois, nationalistes, ne manifestent qu’à la carte et que chaque camp se laisse facilement "manipuler" par le conseil militaire chaque fois qu’une perspective de gain un peu plus conséquente que le statu quo se présente. Une grosse partie des manifestants vendredi et hier ont rejeté en bloc Ahmed Shafiq, dernier premier ministre de Moubarak durant 18 jours, et Amr Moussa, ancien Ministre des Affaires Etrangères sous Moubarak puis 10 ans à la tête de la Ligue Arabe. Moussa serait probablement un bon compromis, une étape entre l’ancien ordre et la démocratie, pour la première fois un non-militaire président de la république, mais il est visiblement trop connoté comme ayant fait partie du système Moubarak. Toujours est-il que beaucoup de théories conspirationnistes fusent entre libéraux et islamistes, gauchistes et frères musulmans, salafistes et frères musulmans, et j’en passe, au bénéfice de l’ordre établi. Une sélection de photos du samedi, lendemain de la manifestation.
Affiches présentant Omar Suleimane, vice-président d'Hosni Moubarak, comme un agent d'Israël. |